Bref retour sur la «Non-conférence» (BarCamp) sur l’éducation et les outils du Web 2.0, qui a eu lieu à Québec, ce samedi 15 septembre 2007, et qui regroupait environ 45 participants, provenant autant du Québec que du Nouveau-Brunswick et de l’Europe.
Contexte : une vingtaine de personnes réunies dans les locaux d’iXmedia/Opossum/Zengo, dans le quartier Saint-Roch de Québec, et autour de vingt-cinq autres personnes participant à distance, en visioconférence, par l’intermédiaire de la plateforme Via, chacun ayant apporté son portable. L’évènement a pris naissance à la fin juin, à la suite d’un commentaire (#9) de Martin Bérubé sur le blogue de Mario Asselin.
Premier constat : la grande diversité d’horizons des personnes participant à la «Non-conférence». Il y avait des enseignants de tous les ordres d’enseignement, du primaire à l’université, des conseillers pédagogiques, directeur, ainsi que des personnes provenant du milieu de l’édition, des milieux des technologies… Et ce, en provenance autant de Québec, Trois-Rivières, Montréal, Chicoutimi, Jonquière, Saint-Hyacinthe, Rivière-du-Loup, de Bauce-Appalache, de l’Outaouais, de Clair (au Nouveau-Brunswick), de Paris, de Lyon, de la Loire, de Vaud (Suisse), de Mons (Belgique)… Diversité, donc, mais aussi unité, il m’a semblé. C’est d’ailleurs le dynamisme et la vivacité de toutes ces personnes que je retiens le plus de cette «Non-conférence».
Deuxième constat : malgré la distance, une fluidité convenable a été préservée (grâce notamment à Nicole Perreault, du Réseau collégial des répondantes et répondants TIC, qui a animé l’évènement avec doigté et qui a su gérer les «tours de parole» avec Via ; grâce aussi à l’organisation de Mario et la gestion matérielle accomplie par Julien).
Une remarque : la force de Mario et Julien en les circonstances!…
Sur l’atmosphère : je me permets de renvoyer au billet de François Guité, ainsi qu’à celui de Martin Bérubé.
Si je tente de ramasser brièvement mes propos :
– Si c’est vrai que les étudiants baignent déjà dans le Web 2.0 (voire plus que leurs profs?), alors pourquoi est-ce qu’on devrait se soucier autant d’intégrer les TICs en éducation ? Pourquoi tout ce tapage, qu’est-ce qu’il y a là de si important ? Il y a tant à faire en éducation, alors s’ils maîtrisent déjà largement ces technologies… Une piste: l’appropriation des TICs dans une perspective d’apprentissage…
– À mon avis, il ne faut pas d’abord chercher à «faire entrer» les Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (les TICE) dans la classe, ni chercher une manière de les greffer à l’éducation. Il me semble qu’il faut plutôt voir ce qui peut être fait en classe (les liens sont essentiels, incontournables, et l’éducation a une dimension affective qu’on ne saurait nier), et ce qui ne peut pas l’être. Et parmi ce qui ne peut pas être fait en classe, mais qui serait souhaitable, il faut voir si les TICE peuvent y contribuer, et comment. La pédagogie, avant la technologie. Partir d’une problématique singulière, et non pas «créer un besoin». Par exemple, si je souhaite suivre la progression de travaux de recherche de longue haleine, alors on pourra ensuite penser à un lieu où ça va se développer adéquatement, en vue des possibilités et des types d’interactions souhaités. Et comme ça implique un suivi de la dynamique, on pourra penser à un fil RSS, et ainsi de suite. Ce qui, évidemment, implique aussi de part et d’autre l’aménagement de temps de réflexion pour soutenir la démarche. Bref, la pédagogie avant la technologie, et du temps pour la réflexion afin de partir des situations singulières, le tout au service de l’éducation.
Si je tente de ramasser brièvement (en vrac et dans le désordre) quelques-uns des propos qui ont retenu mon attention (je reformule – j’espère ne pas trahir la pensée de quiconque) :
– Patrick Giroux a rappelé qu’une technologie bien intégrée est une technologie qui sait se faire oublier lorsqu’on l’utilise, une technologie dont l’utilisation est transparente. Simple, évident peut-être comme remarque, mais en même temps il faut se demander pourquoi les TICs accrochent autant dans bien des milieux éducatifs. Est-ce les outils qui ne sont pas à point? Pourquoi ces outils plutôt que d’autres? Est-ce les raisons pour lesquelles les outils sont sélectionnés? Est-ce dans l’insertion (greffe?) de l’outil à la pédagogie? Bref, pourquoi?
– Chantal Desrosiers a mentionné que les difficultés d’appropriation ont par le passé empêché une intégration massive des TICs.
– André Roux a mentionné qu’il y avait parfois des effets de mode : si une année c’est Skype qui est à la mode (je ne suis plus certain de l’exemple), alors c’est Skype qu’on tente d’implanter dans les écoles, puis si une autre année la mode est à… Bref, dans les effets de mode, la pédagogie tend à être oubliée, ou reléguée au second plan.
– André Roux a mentionné que pour éviter que tout ne reste qu’au niveau des discours, il faudrait s’interroger sur les manières d’avoir une influence sur les instances décisionnelles.
– François Guité a rappelé que les enseignants étaient souvent débordés par leurs tâches et que, dans ce contexte, il devenait difficile de prendre le temps pour réfléchir à l’intégration des TICs dans une stratégie d’apprentissage.
– François Guité mentionne que les débats
en éducation tendent parfois à prendre une tournure très «scientifique», en négligeant que la dynamique enseignement-apprentissage part d’abord d’une question d’affectivité.
– François Guité remarque au passage qu’on néglige peut-être l’ampleur des sous-cultures du 2.0 (et par conséquent des effets qu’elles peuvent avoir dans le développement des individus).
– Le silence de Clément Laberge tout au long de la journée. 😉
– Dans sa première prise de notes sur son carnet Web, ce passage de Clément a retenu mon attention : « deux heures après le début, ce qui m’indispose encore un peu c’est que je ne vois pas clairement s’il y a un projet social ou éducatif derrière notre discussion… Pourquoi tout ça? […] Qu’est-ce qui justifie tous ces efforts?» (passage complet, là).
– Roberto Gauvin a rappelé l’importance de partir de petits projets, de ne pas vouloir que ce soit «trop gros» «trop vite».
– Roberto Gauvin mentionne qu’au Nouveau-Brunswick, ce que les technologies du Web 2.0 aident à réaliser, c’est une mise en avant de la fierté d’être francophone.
– Les carnets Web de Roberto Gauvin et de Danis Michaud sont d’ailleurs à lire.
– Une dame (je ne me souviens plus qui) a mentionné que le taux de démotivation des étudiants au moment même où ils font leur entrée au Cégep est extrêmement préoccupant.
– Mario Asselin a rappelé les propos de Siemens sur le Web 2.0 : ce ne sont pas les blogues qui sont importants, mais les conversations ; ce ne sont pas les wikis qui sont importants, mais les processus de co-élaboration…
(Les traces de la journée sur le wiki.)
Tag pour Technorati : vers_education_deuxpointzero
Pour garder actives quelques traces de cette «Non-conférence», outre les liens figurant déjà dans ce billet:
– De nombreux billets dans la blogosphère, avec le tag pour Technorati de la «Non-conférence».
– Un article publié aujourd’hui dans l’Infobourg, intitulé Éducation 2.0 : « La technologie n’est pas l’enjeu » (par Martine Rioux).
Bien que le lien avec le sujet de ce billet soit indirect, question d’en garder une trace sous la main, ce billet de François Guité : «La philanthropie des enseignants» (10 octobre 2007).